Eglises 1: l'architecture
Plus que les châteaux, les maisons ou les fermes, les églises sont notre mémoire. Elles ont traversé les siècles et se présentent telles que les voyait l'homme de l'Ancien Régime, ou à peu près. Leur clocher annonce de loin le village, et avec lui l'humain et le spirituel. Elles ont connu leurs heures difficiles, elles aussi: guerres de Religion et pillages, Révolution, indifférence religieuse d'une époque, la nôtre, heureusement compensée par une attention grandissante au patrimoine. Notre culte du passé les sauvera de cette nouvelle épreuve. Certes, il y a des églises ou chapelles abandonnées (Achères, Levasville, Groslu...), qui n'ont guère plus que le toit sur les quatre murs. Mais la rusticité de la construction leur donne une belle résistance à l'usure du temps et aux intempéries.
Des églises tirées du sol
Les églises du Thymerais n'aspirent pas au statut d'oeuvre d'art. Faute d'argent, pas de grand projet, pas de grand vaisseau gothique soutenu d'arc-boutants, pas de piliers moulurés ni de voûte à croisée d'ogives, pas de pinacles, peu ou pas de pierre blanche, donc de sculpture. Ici comme dans les bâtiments profanes dominent le silex, la brique, le grison: des matériaux pauvres, qui s'empilent et ne se taillent guère. Disons-le: la plupart de ces églises ne sont que de vastes granges garnies de fenêtres cintrées, avec un clocher qui les signale au loin. Elles étaient, et elles sont encore souvent bordées ou entourées de leur cimetière, qu'il faut traverser pour parvenir à la porte d'entrée. Le chevet est souvent garni d'une abside, parfois plus tardive. Presque toujours le clocher est posé à cheval sur le toit. Son poids a souvent exigé une charpente partant du sol, et visible dans la nef: Achères, Saint-Ange, Saint-Sauveur... Le bâtiment présente alors un pignon pointu, aveugle ou percé d'une fenêtre. La porte, plus ou moins décorée, est parfois protégée par un petit porche qui en rompt la monotonie: Fontaine-les-Ribouts, Theuvy, Vérigny (photo) ... Ailleurs la nef est précédée d'une tour-porche portant le clocher, d'une construction massive: Blévy, Chesne-Chenu, Digny, Ecublé, Marville-les-Bois. Il arrive que la tour soit excentrée comme à Theuvy ou Fontaine-les-Ribouts. Quelques-unes de nos églises sont dotées de chapelles latérales, d'un bas-côté, voire d'un transept, comme à Thimert. Enfin il ne faut pas oublier que tous ces bâtiments sont l'oeuvre des siècles, et que jusqu'à une époque récente on n'a cessé de transformer, refaire, modifier. Des différences de hauteur étonnantes distinguent parfois la nef romane du choeur gothique, comme à Tremblay.
Mais ce ne sont là au fond que des variantes d'un même bâti en matériaux locaux, tirés du sol. C'est par exception qu'on trouve la pierre de taille, comme à Blévy (pour le clocher) ou au sud de Châteauneuf: Gâtelles et Theuvy. Sauf lorsqu'elle est trop pentue, la toiture est en petites tuiles de pays. Sur les clochers, dont la verticalité exige une fixation rigide, les essaunes, plaquettes de bois clouées sur les chevrons, ont depuis longtemps été remplacées par les ardoises de Loire.
Une richesse cachée
L'intérieur des églises surprend agréablement, pour peu que le soleil, passant par les grandes verrières, daigne l'éclairer à sa juste valeur. Si la construction remonte presque toujours au Moyen Age, l'intérieur a souvent été rénové à l'époque classique. Sous une voûte en bois, beaucoup d'églises disposent d'un retable baroque de bois peint en faux marbre et animé d'anges et de saints plus ou moins rustiques, mais pleins de charme, de boiseries, d'un mobilier inemployé depuis longtemps: banc d'oeuvre derrière lequel se tenaient les marguilliers, arcs et grilles de choeur, lutrins, bâtons de procession, bannières. Les vitraux sont rarement de qualité, et presque toujours du XIXème siècle.
Les tableaux ont mal vieilli. Les variations de température et d'humidité ont déchiré les toiles, noirci ou décollé les couleurs. Ils ont souvent été retirés, laissant un cadre vide sur un mur lépreux, ou cachés par un rideau. Il faut accorder une attention particulière à la statuaire locale. On ne parle pas ici des inévitables moulages sulpiciens en plâtre peint, toujours les mêmes, des Madone ou des Jeanne d'Arc tirés à des milliers d'exemplaires et qu'on voit partout, jusque dans les brocantes, mais de ces centaines de figurines en pierre ou en bois, mutilés parfois, décolorés, maladroits mais toujours spontanés, charmants dans leur naïveté, jamais conventionnels, et qu'on désigne parfois dédaigneusement sous le nom d'art rural. Cette statuaire, ainsi que le mobilier et les vitraux, sont présentés sur la page suivante.
Qui gère le patrimoine religieux?
Pendant de longs siècles, l'administration des biens ecclésiastiques est restée entièrement aux mains du clergé, sous le contrôle de l'évêque. A partir du XIIIe siècle, l'usage s'est introduit d'associer des laïcs (les marguilliers, qui siégeaient sur un banc réservé). C'est ce qu'on appelle le Conseil de Fabrique. Ce Conseil gérait au mieux les biens et revenus de la paroisse, parfois importants: terres, maisons, aumônes, legs, revenus des quêtes, de la location des bancs, dîmes... Il procédait aux réparations, aux extensions, aux embellissements de l'église.
Les fabriques sont supprimées à la Révolution, rétablies par Napoléon, supprimées une seconde fois par la Loi de séparation des Eglises et de l'Etat (1905). Désormais (sauf en Alsace), l'église, son mobilier, ses oeuvres d'art, appartiennent à la commune. Et avec les oeuvres cette dernière a hérité aussi des soucis de la conservation. Dans le Thymerais comme ailleurs, certaines communes doivent assurer l'entretien d'une, deux ou trois églises, financer les réparations nécessaires, voire urgentes.
Il faut bien admettre que jusque-là chaque commune a agi comme elle l'entendait, sans toujours en référer à la Direction du Patrimoine, dont les avis ne sont que consultatifs.Plusieurs églises ont été désacralisées, d'autres restent fermées parce que dangereuses. La tentation est grande de se défaire de l'église comme à Gironville, où elle a été vendue à un particulier.
Mais après des années d'impuissance résignée, il semble qu'on assiste à une prise de conscience et que les communes évaluent leur patrimoine à sa juste mesure. Le temps n'est plus, espérons-le, où un maire regardait la mare municipale comme un possible parking, où l'on supprimait la cheminée du presbytère pour ne pas avoir à la réparer, où l'église même, vieille chose encombrante, n'apparaissait plus certaine de sa légitimité, où le seul caractère d'utilité l'emportait dans les décisions au Conseil municipal. Meilleure information, émulation entre communes, pression des habitants, renouvellement des équipes municipales ont changé le regard porté sur nos églises. Conserver et protéger apparaissent désormais comme un devoir. Encore faut-il distinguer deux types de restaurations. Il n'y a encore pas si longtemps, on entamait des travaux à l'église pour le seul confort des fidèles. Souci légitime mais souvent fatal à l'église elle-même, qui a introduit des néons, des appareils de chauffage au gaz, supprimé les bancs clos, imposé des carrelages modernes et clinquants pour remplacer le carreau froid et inégal des tomettes anciennes, faites à la main et râpées par des générations de pieds chaussés de sabots. Il semble qu'on ait compris que les églises rurales soient regardées, qu'on le veuille ou non, moins comme des lieux de culte que comme des lieux de patrimoine; qu'il n'est pas nécessaire d'être croyant pour s'y attacher, et que rien ne doit se faire sans consultation de spécialistes compétents: architectes, conservateurs des Antiquités et objets d'art, restaurateurs agréés. La bonne volonté ne suffit plus et l'on ne fait pas oeuvre pieuse en appliquant une couche de peinture fraîche sur de délicates statues anciennes. L'exigence est maintenant de règle presque partout. Les restaurations se poursuivent à Blévy, inépuisable chantier, des programmes sont lancés à Boullay-les-Deux-Eglises, à Saint-Sauveur, à Saint-Jean-de-Rebervilliers, entre autres, programmes ambitieux par les sommes mises en jeu et le temps nécessaire à la réalisation des travaux. Il est encore trop tôt pour parler d'une renaissance du Thymerais.
Achères - Eglise Saint-Brice
D'extérieur, c'est une petite église rustique, un peu à l'écart du village, entourée de son enclos, coiffée du traditionnel clocher couvert d'ardoises. Il faut s'approcher pour voir que les vitraux sont brisés, le lieu pratiquement abandonné. Si l'on glisse un oeil par les interstices de la porte, on découvre un grand volume vide, fermé au culte, au sol couvert des gravats qui tombent du plafond. Comme dans beaucoup d'autres églises de la région, le clocher repose sur une charpente qui descend jusqu'au sol (photo). Dans le mur du chevet, on reconnaît la trace de trois hautes fenêtres gothiques. Un plan de 1853 montre que l'église possédait alors un porche d'entrée et une sacristie sur le flanc nord, qui ont disparu. L'église, désacralisée et devenue inutile, faillit être vendue à un particulier dans les années 1970. Malgré les apparences, l'édifice n'est pas totalement abandonné à lui-même: la toiture a été restaurée, comme le montrent des tuiles cassés, jonchant le pied des murs.
Ardelles - Eglise Notre-Dame
Le bâtiment, d'origine romane, a été incendié pendant les guerres de Religion, ce qui explique ses dimensions réduites. Il n'en est resté que le chevet et le choeur, correspondant aux grandes fenêtres. Une travée de nef et la façade ont été reconstruites. L'intérieur conserve un retable du XVIIème siècle en bois peint et doré: quatre colonnes cannelées encadrent des tableaux représentant au centre la Présentation au temple, la Vierge et saint Joseph sur les côtés. Les faces du tabernacle sont également ornées de petits tableaux. La grande pierre tombale devant l'autel est celle d'Abraham de Boulainvilliers, mort en 1667, avec un sonnet illustré d'une tête de mort.
Arpentigny - Chapelle Notre-Dame de Lorette
Cette chapelle remonterait au XIVème siècle et servait de chapelle au château disparu qui se dressait au fond de la cour de la ferme. La chapelle s'ouvre en bordure de cette ferme, dont elle se distingue à peine, tant elle ressemble, d'extérieur, à une grange. Il faut s'approcher pour y reconnaître des éléments religieux. Au-dessus de la porte en plein cintre se superposent une niche pour recevoir une statue, une fenêtre en ogive et sous la pointe du pignon, légèrement décalée, une niche abritant la cloche.
Faute de fenêtres, l'intérieur est sombre. On admire surtout la charpente en forme de coque de bateau renversé, et l'autel surmonté d'une contretable (dosseret placé au-dessus de l'autel) en plâtre peint, inspirée de celle de la chapelle Saint-Sanctin de Chuisnes. La comparaison de ces deux oeuvres a été faite par Paulette Couturier dans le n°19 de la SAEL.
Si pauvre soit-elle, cette chapelle est entrée dans l'histoire judiciaire au XVIIème siècle. Arpentigny était un foyer de protestantisme. Le seigneur Jean de Gravelle manifeste son impiété en refusant l'accès de la chapelle aux paroissiens et en y gardant ses porcs. Il est condamné en 1647 par la Cour du Parlement de Paris : la chapelle doit être remise en état et rouverte, sanction que le chanoine Métais, dans son ouvrage sur les églises du diocèse de Chartres (1897-1914) juge trop clémente. La chapelle est un lieu de pèlerinage local, elle est ouverte chaque année le 9 septembre.
L'Atlas de Pontcarré (1722-1734), conservé aux Archives départementales, montre l'ensemble du lieu seigneurial, avant sa disparition. La chapelle apparaît en bas de l'image, détail d'une planche figurant l'ensemble de la seigneurie.
Blévy - Eglise Saint-Pierre
L'église de Blévy est la plus belle du Thymerais. On est surpris par ses dimensions et sa richesse intérieure. A l'origine petit sanctuaire roman, elle passe pour avoir été rebâtie en 1500 par Clément Métézeau, architecte du beffroi de Dreux. Le clocher, en pierre calcaire sculptée, est un luxe pour la région. Les marquis de Maillebois, d'autres seigneurs locaux ont gratifié le bâtiment de leur générosité parfois encombrante. C'est dans cette église que le 20 octobre 1669 une querelle de préséance entraîna les seigneurs de La Noue et de Baronval, soutenus par leurs amis, dans une rixe mortelle. La richesse s'explique aussi par le fait qu'elle a récupéré les éléments décoratifs des deux églises disparues de Saint-Martin et Saint-Germain-de-Lézeau. L'église conserve quelques beaux vitraux Renaissance, en particulier un saint évêque sur le flanc sud. La décoration du choeur a été refaite au XVIIIème siècle, dans le style baroque. L'arc de choeur et le retable, en bois peint, sont portés par des colonnes cannelées identiques. L'arc de choeur est surmonté d'une demi-roue aux balustres tournés. De chaque côté les chapiteaux soutiennent deux anges portant une trompette. Sur la roue repose le crucifix, fixé à sa partie supérieure sur l'entrait sculpté. Le retable principal est constitué d'un autel finement sculpté. Au-dessus, un tableau de la Résurrection est encadré de deux statues d'évêques. Des volutes en forme de cornes d'abondance encadrent le retable. Le retable et l'arc de choeur sont visiblement de la même main et leur superposition crée un effet des plus harmonieux. Un système de poutres rayonnantes couvre l'extrémité du choeur. Au centre, une inscription en lettres gothiques et un triangle, image de la Trinité, sur un nuage d'où s'échappent des rayons dorés. Quatre autres retables se succèdent le long de la nef. Si riche soit-elle, cette église n'a pas encore révélé toutes ses beautés. Des sondages récents effectués dans les murs ont révélé, entre autres, la présence d'une litre funéraire masquée par un enduit: bande de peinture noire que l'on appliquait sur les murs de l'église au décès du seigneur local. Les armoiries peintes à espaces réguliers révèlent qu'il s'agit de Nicolas Desmarets, contrôleur des finances de Louis XIV, marquis de Maillebois, décédé en 1721. Plus intéressant encore, le grand mur du fond, à gauche de l'entrée, porterait une grande peinture murale représentant les douze apôtres. Litre et peinture murale doivent être remis au jour dans une prochaine campagne de restauration.
Blévy - Chapelle Saint-Claude
On ignore les origines de cette chapelle autrefois entourée d'un cimetière et qui se trouve aujourd'hui dans une propriété privée. Le volume, l'élévation, le pignon à redents sont remarquables. Elle a conservé son entourage de porte principale, en pierre sculptée. L'intérieur est remarquable par sa charpente en coque de bateau renversée et le jeu des poutres transversales (entraits) qui ont conservé leurs éléments sculptés: instruments de la passion, raisins... Les extrémités de poutres semblent sortir de gueules de dragon (engoulents), comme on peut le voir dans quelques églises de la région: Gâtelles, Chêne-Chenu... Après avoir longtemps servi de grange, cette chapelle est en cours de restauration.
Le Boullay-les-Deux-Eglises - Eglise Saint-Aignan
Malgré l'appellation il n'y a qu'une église au Boullay, l'autre ayant disparu dès le Moyen Age. Celle-ci a été restaurée et agrandie au XVIème siècle. La façade est intéressante par son portail en plein cintre, en pierre calcaire. Luxe rare dans les églises rurales, les chapiteaux sont sculptés de fleurs de chardons, d'escargots et de grappes de raisin. Quatre contreforts l'encadrent, en grison et briques à la partie supérieure. De grandes baies gothiques ouvrent au sud. Au nord, l'église semble inachevée. En fait, quatre chapelles, dédiées aux quatre seigneurs de la paroisse, constituaient un bas-côté qui a été détruit pendant les guerres de Religion. Seule la chapelle Saint-Jacques, plus haute que l'église elle-même, a été terminée. La base des chapelles servit de mur au cimetière jusqu'en 1881 et l'on voit encore quelques blocs sur le sol. A l'intérieur, on remarquera un grand retable de choeur, surmonté de deux statues d'anges élancés.
Châteauneuf - Eglise Notre-Dame du Pasme
L’église occupe l’emplacement de la chapelle de l’ancien château. Cette chapelle ayant été abattue en 1620, on a récupéré les matériaux du château pour construire une église paroissiale, terminée l’année suivante, comme en témoigne une date gravée dans la pierre, sur le flanc sud. Le plan est celui d’un grand rectangle, avec nef et bas-côtés sommés de cinq mignons pointus percés d’une large verrière, sur chaque côté. Le flanc sud, visible de la rue, présente une ornementation beaucoup plus travaillée. L’architecte a joué sur le dessin et la couleur, exploitant les ressources de la brique, du grison et du silex. Les deux pignons à l’est sont particulièrement remarquables par le fait que le remplissage du mur est constitué de silex apparents, taillés à la dimension de petits pavés. Sur le côté nord une sacristie a été ajoutée en 1629, agrandie en 1817. Telle qu’elle se présentait alors, l’église n’avait qu’un clocher à cheval sur le toit, et qu’on avait irrévérencieusement comparé à une seringue. Ce clocher, menaçant de s’effondrer, le chanoine Coince, curé du Châteauneuf, le remplaça à partir de 1864 par une tour-porche, à quatre clochetons, celle que nous connaissons aujourd’hui. Le clocher, haut de 50 mètres, se voit de très loin et il affirme par là la domination de Châteauneuf sur la plaine qui l’entoure. La présence de la brique, alternant avec la pierre blanche en bandes horizontales l’intègre à l’ancienne construction à une certaine distance du moins. Il n’a que le défaut d’avoir été bâti dans la seconde moitié du XIXème siècle : la rigueur des angles, la trop grande régularité des motifs, une rigueur déjà industrielle en font un ajout froid et finalement peu intéressant sur le plan architectural. Avec ce clocher furent construits une seconde sacristie au sud et une abside, le tout sans aucune participation de la municipalité. Le curé Coince a laissé un intéressant journal des travaux, publié dans le n° 57 de la Société Archéologique d’Eure-et-Loir. L’intérieur est rythmé par deux rangées de piliers massifs et ronds, qui séparent la travée principale des deux bas-côtés, et la série d’arches blanches en plein cintre qui les relie entre eux et aux murs latéraux. Les objets les plus intéressants proviennent de l’abbaye Saint-Vincent-des-Bois, détruite à la Révolution : la chaire, ornée de motifs rococo, une grande peinture en grisaille représentant la Résurrection, deux grandes statues en chêne de saint Vincent-Ferrier et saint Jacques. L’orgue est soutenu par une tribune néo-gothique achevée en 1841. Les vitraux sont modernes pour la plupart.
Chêne-Chenu - Eglise Saint-Paul
Il y a un défaut de proportion dans cette église, qui la fait ressembler à une bossue. La tour du clocher s'enfonce dans la façade de la nef qui le surplombe de son haut faîtage. On l'appelle familièrement la poule couveuse. Des frises de pierre finement sculptée courent sous les gouttières. L'intérieur surprend par l'ampleur du volume, la clarté procurée par dix grandes fenêtres (dont certaines ont conservé leurs vitraux d'origine) et la richesse de la décoration. Une poutre porte la date de 1545, qui serait celle de la construction de l'église. La voûte de bardeaux est ornée de plusieurs dizaines de têtes sculptées, que l'élévation rend à peine visibles. Le mobilier provient en partie de l'église de Villette, désaffectée dès le XVIIIème siècle et démolie au début du XXème : un autel sur le mur nord, garni de quatre petits tableaux relatant la vie de saint Roch et dont le tableau central a disparu (photo), une poutre et des statuettes accrochées au-dessus de l'entrée. Le clocher et les hautes boiseries de chêne ont été ajoutées dans la deuxième partie du XVIIIème siècle. L'autel principal est doté de tableaux du XIXème siècle, d'un moindre intérêt.
Dampierre-sur-Blévy - Eglise Saint-Pierre
L'église est un vaste volume coiffé d'un clocher en léger retrait du pignon, auquel on a ajouté, sur le flanc gauche, une chapelle de la Vierge. Le choeur se termine par une abside à cinq pans, le pan central ayant été aveuglé pour permettre l'installation du retable. Les corniches latérales sont en pierre taillée, ainsi que les deux portes Renaissance. L'intérieur vaut surtout par un très beau retable baroque, à deux étages. Quatre colonnes torses encadrent de beaux tableaux, de genres et dimensions variés: scènes de la vie de Jésus, portraits, fleurs et espèces végétales, ces derniers dans des couleurs très fraîches. L'intérieur a été bien restauré, sauf pour le carrelage de la nef, dont le choix conviendrait mieux à une salle de bains. A droite de l'église se dresse une magnifique maison, l'ancien presbytère.
Digny - Eglise Saint-Germain
L'église a été entièrement reconstruite au XVIème siècle. De grandes baies en arc brisé éclairent la nef, partiellement obturées côté nord. La niche semi-circulaire du chevet est un ajout du XXème siècle. Au sud de la nef s'élève une impressionnante tour-clocher, coiffée d'un lanternon, aux contreforts en brique et pierre de taille. Au XVIIIème siècle a été ajoutée une sacristie. L'église présente son plus beau profil sur la place: flanc sud et tour-clocher. La façade se cache dans une petite rue adjacente, et elle a raison. Remaniée, sans style et uniformément couverte d'un enduit banal, elle semble appartenir à un autre bâtiment. L'intérieur est un seul grand volume entièrement remanié au XIXème siècle, tourné vers un retable qui occupe tout le mur du fond. Une niche, creusée dans ce mur et qui déborde à l'extérieur, présente une scène sulpicienne qu'on illumine pendant les cérémonies. Le principal intérêt de cet intérieur réside dans un ensemble très homogène de vitraux historiés (décorés de scènes à personnages).
Ecublé - Eglise Saint-Sulpice
La construction de l'église remonterait au XVIème siècle. C'est une grande nef bordée d'une petite chapelle sur le flanc sud, dédiée à Marie. A gauche de cette chapelle, une entrée murée laisse encore ?voir son encadrement de pierre calcaire surmontée d'un écusson. La tour-clocher aurait été ajoutée au XVIIIème siècle. Pourtant une inscription sous la gouttière porte la date 1622, à moins qu'on ne doive lire 1677, et en dessous les lettres NVP. Les contreforts d'angles font alterner la brique et le grison. Le clocher lui-même est remarquable, le carré de la base se transformant en octogone, chaque côté orné d'une lucarne. Ecublé était florissant au XVIIIème siècle, grâce au commerce de la laine. C'est peut-être la raison des embellissements apportés dans la décoration intérieure. De hauts lambris garnissent les murs. Les huisseries, les confessionnaux sont d'un travail de menuiserie particulièrement soigné. Les vitraux, détruits à la révolution lorsque l'église avait été transformée en fabrique de salpêtre, sont malheureusement modernes. Saint Sulpice était le patron d'une confrérie de jeunes gens célibataires. Chaque 8 janvier, jour de la fête du saint, ils vendaient dans le village et les environs des hirondelles, pâtisseries confectionnées par le boulanger local. Cette coutume perdura jusqu'à la mort du dernier curé (1976).
Favières - Eglise Saint-Martin
L'église Saint-Martin est tout à fait caractéristique des églises de la région: une grande nef coiffée d'un clocheton hexagonal et terminée par un chevet à pans coupés, avec une sacristie accolée. Les fenêtres ont été refaites et agrandies à la Renaissance, elles sont sans vitraux. De ce fait l'intérieur est très lumineux. Il est orné de trois autels: un autel central et deux autels latéraux dont les tableaux sont signés d'un peintre médiocre du XIXème siècle. Le tabernacle est entouré de petites peintures beaucoup plus intéressantes mais effacées par les années. Un calvaire domine l'arc de choeur: le Christ entre les saintes femmes. Au fond de la nef, un escalier très escarpé conduit au clocher. L'ensemble a été entièrement restauré.
Fontaine-les-Ribouts - Eglise Saint-Aignan
L'église de Fontaine-les-Ribouts s'inscrit dans un joli cadre. Elle présente une forme de croix latine avec deux chapelles à droite et à gauche, qui font office de transept. La nef romane a été remaniée au XVIème siècle, comme le montrent les grandes baies en ogive à remplages flamboyants. Il reste quelques éléments de vitraux de la même époque, dont un Arbre de Jessé presque entier. Sur le côté gauche, à l'angle de la nef et de la chapelle, se dresse une tour au clocher effilé. La façade est protégée par un auvent à colombages. A l'intérieur, outre les vitraux, l'élément le plus remarquable est le retable qui occupe l'abside. Le tableau central est encadré de colonnes cannelées à chapiteaux corinthiens, et des statues de saint Aignan et saint Sébastien qui se détachent sur un fond de boiserie sculptée de volutes et de motifs végétaux, dans le style rococo. Tout cet ensemble, peint en faux-marbre, est absolument exquis mais souffre de la proximité des deux grandes fenêtres qui créent un contre-jour et ne permettent pas de l'apprécier à sa juste valeur.
Fontaine-les-Ribouts - Chapelle Saint-Jacques
On pense que cette chapelle, isolée au milieu des bois, remplace l'ancienne chapelle d'un château dont il ne reste rien, elle-même détruite au XVIIIème siècle. C'est un petit bâtiment massif et sans grâce, au toit arrondi. Il conserve une statue de saint Jacques en pierre.
Gâtelles - Eglise Saint-Blaise
L'église de Gâtelles se signale de loin par l'élégance de sa silhouette. Elle se dresse au bout d'un village clairsemé, face à la plaine. La tour-clocher, décalée par rapport à la nef, est agrémentée d'une jolie tourelle d'escalier, coiffée d'un clocheton. L'ensemble a été restauré voici quelques années. Quatre chapelles le bordent au nord, avec une couverture à pignons. Ici ni brique ni grison, les chaînages ?et les encadrements sont en pierre calcaire, comme il sied à une dépendance du chapitre de la cathédrale de Chartres. L'édifice, dans son état actuel, date du début du XVIème siècle, comme le montrent le portail principal en anse de panier avec ses vantaux sculptés, et la porte latérale protégée par un auvent. L'intérieur ne peut masquer les vicissitudes du temps: intempéries, désaffection religieuse, guerres, l'occupation prussienne en particulier. Le chevet a conservé? quelques beaux vitraux du XVIème siècle. Les entraits (poutres transversales) qui rythment la nef sont sculptées au centre et sur les côtés, de motifs tous différents, parfois grotesques. Le bas-côté gauche était dans un tel état de délabrement au début du XXème siècle qu'il ne fut sauvé de la pioche que par l'intervention du Conservateur des Antiquités et Objets d'art. A l'extrémité de ce bas-côté, un autel abrite un exemple typique de la statuaire rurale: une Vierge à l'Enfant sous l'aspect d'une gamine couronnée, déhanchée dans une robe jaune, et comme tout étonnée de se trouver là. La dernière chapelle, à gauche, sert de sacristie. Elle abrite l'objet le plus précieux de l'église, une contre-table du XVIème siècle, en pierre finement sculptée. Les trois scènes représentent la circoncision de Jésus, la nativité, l'adoration des mages.
Gironville - Eglise Saint-Martin
Cette église est unique dans le Thymerais. Non pas pour son clocher de guingois, mais parce qu'elle appartient à un particulier. L'église primitive remonte au IXème siècle, elle est citée dans le polyptique d'Irminon, abbé de Saint-Germain-des-Prés à Paris. Il s'agissait sans doute alors d'une église en bois, reconstruite en pierres au XIIème siècle. La paroisse était alors estimée à 65 fidèles (adultes). Le choeur, plus élevé, a été refait en style gothique flamboyant au XVème siècle. Cette église faillit disparaître. En 1971 l'édifice, fermé au culte depuis des années, était en ruines: infiltrations d'eau dans la toiture, des fissures dans les murs de la nef et de l'abside. La commune (82 habitants à l'époque), n'ayant pas les moyens d'entamer des travaux, envisageait de la faire détruire, ce qui demandait aussi de l'argent. La presse locale s'émeut (ci-contre, titre de La République du Centre, novembre 1971). Finalement le miracle a lieu: en mars 1972 Rino Camilloto, entrepreneur à Villemeux, l'achetait pour un franc symbolique, et par amour pour les vieilles pierres. Ayant déposé la statuaire au musée de Dreux, il a refait la toiture et la voûte en bardeau, consolidé les murs et les contreforts. Les grandes fenêtres gothiques sont restées partiellement bouchées. L'église conserve ses bancs fermés et ses stalles, le maître-autel avec la boiserie du retable, une chaire et des autels néogothiques, un corbillard. Deux statues et le tableau du retable ont été déposés au musée de Dreux. Les abords ont été aménagés. Il fut question d'en faire un lieu d'expositions, un centre consacré aux arts, ce qui ne s'est pas réalisé. Mais depuis longtemps l'église n'a plus reçu d'entretien, et l'intérieur montre un tableau d'abandon complet: la voûte a perdu une bonne partie de ses planchettes, les vitraux tombent morceau par morceau, les pigeons viennent s'y réfugier et y mourir. Ces dernières années l'église a servi d'entrepôt à un peintre qui a établi son campement derrière l'autel.
Groslu - Chapelle Sainte-Madeleine
La chapelle est attesté dès le XIIIème siècle. Elle desservait un prieuré dépendant de Saint-Pierre de Chartres, dont on ignore aujourd'hui l'emplacement. L'édifice actuel date du XVIème ou du XVIIème siècle. C'est un quadrilatère sans recherche, enduit de mortier blanc. Le mur de façade est surmonté d'un campanile de brique et d'une croix. La chapelle était autrefois l'objet d'un pèlerinage le 22 juillet. Pour le jour de sa fête la sainte accordait sa protection contre les orages. Un enduit très banal recouvre malheureusement cette chapelle et dissimule les matériaux traditionnels dont elle est construite. A l'intérieur la poutre de gloire soutient un Christ naïf.
Jaudrais - Chapelle Saint-Jean-Baptiste
L'église de Jaudrais, autrefois plus grande, a été endommagée par les bombardements de 1940. Seule la partie orientale de la nef a été reconstruite, en 1950. La partie détruite forme un petit cloitre que l'on traverse pour accéder à l'église. Elle y a gagné une silhouette insolite dans la région. On peut seulement regretter que les joints et les enduits aient été réalisés au ciment gris. A l'intérieur, on distingue plus nettement les deux parties, séparées par un grand mur bétonné, percé d'ouvertures. La nef a conservé ses entraits (poutres transversales) et le Christ en gloire, qui devait à l'origine se situer entre le choeur et la nef. Faute de documents, il est difficile de préciser ce que l'église a perdu réellement. Avait-elle un retable au-dessus de l'autel?
Sur le côté gauche une grande arcade reposant sur des piliers moulurés devait conduire à une chapelle seigneuriale. Elle est aujourd'hui réduite à un mètre de profondeur. Les statues forment un ensemble intéressant, bien que certaines aient été lourdement repeintes à une époque récente. On peut dmirer, au-dessus de l'autel, un reste de vitrail, avec une représentation pittoresque du soleil et de la lune.
Levasville - Eglise Saint-Martin
Cette petite église encore cernée par son cimetière, semble à peine plus grande qu'une chapelle. C'était autrefois une église paroissiale, avant sa réunion avec Saint-Sauveur (an III, 1795). Elle fut même le chef-lieu de commune jusqu'en 1847, où une ordonnance royale assigna le premier rang à Saint-Sauveur. La façade présente un pignon surmonté d'un clocher carré. La porte en anse de panier est encadrée de quatre contreforts de grison. L'église est en deux parties, toutes deux d'époque romane, avec un choeur plus étroit qui semble ajouté. Un mur sépare les deux parties, dans lequel est percée une ouverture faisant office d'arc de choeur. Elle est flanquée de deux autels portant un petit retable de bois sculpté, qui ont malheureusement perdu leur tableau central. Le retable du choeur et la voûte sont en très mauvais état. L'intérieur conserve quelques intéressants éléments de mobilier, dont un lutrin de fer forgé, planté sur une pierre triangulaire.
Maillebois - Eglise Saint-François
La façade de l'église de Maillebois est ornée de ce qu'on appelle, dans l'architecture baroque, une façade en retable. Deux piliers de grès et de briques encadrent un ensemble de trois niveaux: la porte de l'église, une fenêtre cintrée encadrée de deux niches plus étroites, une petite niche centrale coiffant le tout au troisième niveau.On remarquera l'emploi du silex taillé, pour créer l'effet d'un damier, et les corniches de briques délimitant les niveaux. Les statues, plus tardives, sont malheureusement très conventionnelles. L'ensemble n'est sans doute qu'un pastiche de la seconde moitié du XIXème siècle, mais il est particulièrement élégant. Deux petites chapelles carrées bordent l'église: la chapelle des comtes de Maillebois et la chapelle du château. Elles ont leurs entrées par le cimetière qui longe le flanc nord de l'église. La porte de la chapelle seigneuriale est décentrée par rapport au pignon et encadrée d'une belle ornementation de pierre sculptée, avec une petite Vierge. Des murs délimitent de petites enceintes privées, occupées par des tombes le plus souvent à l'abandon. Une étroite ruelle, bordée de murs, monte vers le haut du village. De cette ruelle, où rien ne semble avoir changé depuis des siècles, la vue plonge vers l'église et le château. A l'intérieur de l'église, il faut distinguer la nef, voutée en bois et garnie de petites fenêtres cintrées, et le choeur, séparé par une arcade sculptée, et dont la décoration est beaucoup plus riche: voûte reposant sur un beau réseau de pierre, grandes fenêtres gothiques, boiseries, retable à colonnes sur le côté sud. La chapelle des comtes de Maillebois est particulièrement intéressante. La voûte est à compartiments avec pendentifs. Sur la clé de voûte centrale deux anges présentent les armoiries de la famille. La chapelle conserve également le tableau d'une crucifixion et une plaque de marbre noir contenant le coeur du maréchal de Maillebois (1762).
Marville-les-Bois - Eglise Saint-Marc
L'église a été fondée en 1252, et son clocher avec tribune ajouté en 1750-1751. Avec ses gros contreforts, elle apparaît plus solide qu'élégante. Le cimetière qui la bordait au nord, trop étroit pour le village, a été déplacé à la périphérie au début du XXème siècle. Contrairement à ses voisines, l'église de Marville n'a pas bénéficié des largesses d'un seigneur soucieux de l'embellir à la Renaissance. Elle a conservé ses huit petites fenêtres, insuffisantes pour tirer de la pénombre l'intérieur constitué d'un un seul grand volume, lambrissé en plein cintre. Seule une marche délimite le choeur. Un nouveau carrelage, posé au début du XXème siècle, a dissimulé les pierres tombales des seigneurs du lieu. Dans la sacristie, derrière l'autel, est encore visible le blason de Jacques d'Angennes (1606-1653) enterré sous le choeur, du côté de l'Evangile. Le mur du fond était anciennement percé d'une fenêtre. On a retrouvé les restes d'une fresque derrière le retable installé dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle, primitivement peint en faux-marbre. Un tableau de la nativité surmonte le maître autel. Deux belles statues de pierre peinte occupent une niche, sur chaque côté, représentant la Vierge et saint Marc accompagnés de leurs donateurs: deux moines sans doute de l'abbaye de Saint-Vincent, dont Marville relevait alors.
La tour abrite une tribune et le clocher.
Le Mesnil-Thomas - Eglise Saint-Barthélémy
L'église se dresse sur une jolie place, un peu hors du temps. C'est aussi, malheureu-sement, un point de passage actif de la circulation en direction de Senonches. L'abside et le choeur datent du XIIème siècle. L'église fut agrandie aux XVème et XVIème siècles par une nef et une chapelle seigneuriale.
Un beau porche abrite l'entrée, avec une charpente en nef renversée. L'intérieur est celui de la plupart des églises de la région: double rangée de rangs clos conduisant à un autel surmonté d'un retable classique, qui a conservé de jolies peintures, bien restaurées.
La chapelle fut sans doute construite au milieu du XVIIème siècle. On ignore pourquoi elle a pris cette dénomination: peut-être était-elle supposée protéger la vigne, encore cultivée à cette époque dans la région.
Puiseux - Eglise Sainte-Marie-Madeleine
C'est une église dans l'église. L'ancienne fut détruite par un incendie accidentel en 1646. Il en est resté les murs du chevet, faisant apparaître aux angles et aux encadrements de fenêtres une belle pierre calcaire. L'ensemble, recouvert de lierre jusqu'à une époque récente, a été dégagé. Une partie des matériaux, dont les contreforts, a été réutilisée pour rebâtir l'église sur un plan plus modeste. Une belle poutre transversale porte la date de 1699 avec les noms du curé et des gagers (marguilliers). L'intérieur a été restauré.
Saint-Ange - Eglise Saint-Michel
Les sanctuaires dédiés à saint Michel Archange se dressent pour la plupart sur des lieux élevés. L'église de Saint-Ange, édifiée à flanc de colline, est à l'origine la chapelle du prieuré. Après la destruction de l'église de Torçay lors des Guerres de Religion, on agrandit l'église de Saint-Ange pour recevoir les paroissiens des deux villages, on la prolonge vers l'est. Le nouveau choeur est bâti en style gothique flamboyant, alors que la nef reste romane. Les deux parties de l'église sont séparées par un arc de choeur orné de coeurs stylisés, qui porte un Christ en bois, aux bras levés. Un retable plat occupe le fond du choeur. Le tableau central représente l'Adoration des Mages, il est entouré de deux statues de saint Michel terrassant le dragon et de saint Blaise. Parmi les autres statues, on remarquera un pittoresque saint Yves, revêtu d'une robe noire à ceinture dorée, en bois peint. La voûte de châtaignier, en forme de coque de bateau inversée, donne son unité à l'église. De l'intérieur, le clocher apparaît presque comme une structure indépendante, sa charpente descend jusqu'au sol.
L'important mobilier date des XVIème et XVIIème siècles, les vitraux du XIXème, de même que la sacristie.
L'église a fait l'objet d'une restauration remarquable en 2005-2006.
Saint-Jean-de-Rebervilliers - Eglise Saint-Jean-Baptiste et Saint-Jean-l'Evangéliste
Une tradition veut que l'ancienne église ait été détruite pendant les guerres de l'An Mil. Le village se serait alors déplacé près d'un prieuré dit de Saint-Jean. L'édifice actuel, inscrit dans le cimetière et tournant le dos à la rue, est en fait constitué de deux églises mises bout à bout. Une petite nef du XIIème siècle, très rustique, aux murs latéraux aveugles, présente au cimetière sa façade en grison, avec de forts épaulements obliques encadrant le porche. Elle est prolongée par un choeur plus vaste et beaucoup plus haut, du XVème siècle pour l'essentiel, éclairé de fenêtres ogivales au nord, en plein cintre au sud, avec des remplagesRenaissance. Au choeur est accolée une sacristie semi-circulaire. Le décalage entre ces deux édifices est partiellement masqué par une tour plus récente, étroite et sans fenêtres. A l'intérieur, une inscription au-dessus de la poutre maîtresse indique que les lambris ont été renouvelés en 1674. Ils étaient en très mauvais état, de même que la charpente du choeur, qui s'inclinait vers la nef. La commune a réalisé une remarquable restauration.
On pourra consulter le blog http://amiseglisesaintjean.over-blog.com/
Saint-Maixme - Eglise
L'église n'est pas très ancienne: XVIIème siècle, avec des remaniements plus tardifs, elle est entièrement couverte d'ardoises. On remarquera au-dessus du porche à piliers de brique une fenêtre surmontée d'un joli motif décoratif. Cette fenêtre éclaire une tribune. A l'intérieur l'élément de mobilier le plus intéressant est un retable de bois peint en faux marbre, avec le tableau central d'une sainte portée par des anges. Saint-Maixme
Chapelle Saint-Léonard
Cette chapelle a beaucoup de charme, que ce soit par sa situation, au bord d'une mare ombragée, ou par l'impression de quiétude familière qui se dégage de l'intérieur, aux dimensions d'une simple maison. On ignore la date de sa construction. Elle est éclairée par une seule fenêtre, qui a subi des réparations aux XVIIème et XVIIIème siècles. La charpente, autrefois lambrissée, est apparente. La chapelle a été entièrement restaurée il y a une dizaine d'années: toiture, murs et statues. Ces dernières, qui datent du XVème ou du XVIème siècles, ont malheureusement été très lourdement repeintes par une équipe de bénévoles.
Saint-Sauveur - Eglise Notre-Seigneur
L'église, qui occupe le flanc nord du cimetière, est remarquable par sa haute flèche. L'intérieur surprend par l'échafaudage apparent des poutres soutenant le clocher très effilé. La nef et le choeur sont voûtés en berceau, et séparés par un arc de choeur en bois, surmonté d'un beau Christ. Au sud s'ouvre une vaste chapelle seigneuriale. Elle est plus haute que la nef et sa voûte est couverte d'un lambris à dentelles gothiques classé depuis 1928 au titre des objets mobiliers. Une inscription porte la date 1566. Le choeur a conservé son carrelage ancien, la grille de communion en fer forgé, la pierre tombale de Marie Groslard, dame de Bigeonnette, morte en 1712. L'église a subi des dommages à la suite de la prise du château de Dreux par Henri IV, en 1593. Le curé de l'époque note que "les gens de guerre estant pour le Roy à la prise de Dreux ont pris et spolié l'église et plusieurs biens meubles entre lesquelz a esté le registre des baptesmes, mariages et mortuères". Quelques statues ont échappé à ce saccage, entre autres une Trinité en pierre polychromée datée de 1521, au-dessus de la porte de la sacristie. L'essentiel du retable est encore en place, si ce n'est le tableau d'autel représentant la Transfiguration, très endommagé, et couvert d'une tenture rouge. Des boiseries XVIIIème siècle, rongées par l'humidité, couvrent la base des murs. Le pignon et la porte sont d'époque Renaissance, protégés par un porche ajouté au XVIIIème ou XIXème siècle, avec une ouverture en anse de panier.
Theuvy-Achères - Eglise Notre-Dame et Sainte-Quitaire
Tableau insolite, comme nous en réservent ces confins de la Beauce. De part et d'autre de la petite route qui serpente au milieu d'une grande plaine, surgissent un ancienne ferme fortifiée avec ses douves et son colombier, et de l'autre côté une haute église qui semble se dresser vainement à la recherche de ses paroissiens. L'élévation, la haute toiture couverte d'ardoises font penser à une châsse, moins faite pour accueillir des fidèles que pour protéger des reliques. Les travaux ont été menés de 1543 à 1607, dans un style Renaissance plus facilement reconnaissable à l'intérieur. La nef, très haute, est rythmée de piliers soutenant chacun une statue à la base, une au sommet: en tout 24 statues, d'origines et de qualités diverses. Le choeur a bénéficié au XVIIIème siècle des largesses du seigneur local, sous la forme d'un retable de bois peint encadré de deux tableaux d'anges et de six grands tableaux de personnages bibliques, peints en grandeur nature, inclus dans une boiserie. Deux chapelles ouvrent au nord, dont la chapelle seigneuriale avec sa porte aujourd'hui murée. Il conserve un retable à colonnes torses. Le seul vitrail encore en place date du XIXème siècle. Des fenêtre bouchées au mortier, des restes de tableaux attaqués par l'humidité, des cadres vides, des niches en pierre, des plaques de marbre gravé attestent la l'ancienne richesse de cet édifice aujourd'hui bien abandonné au milieu de nulle part. Les tableaux du choeur, restaurés, n'ont pu être remis en place et sont conservés à Tremblay.
Thimert - Eglise Saint-Pierre
Cette grande église, disproportionnée au village qu'elle dessert, est aux dimensions du bourg que fut Thimert avant que la population n'aille s'installer aux abords du château neuf construit dans une clairière de la forêt. Thimert conserva encore quelque temps son statut de localité importante, saint Louis y a plusieurs fois séjourné. Le plan est celui d'une basilique latine, avec une large nef centrale et deux nefs latérales plus étroites. Deux chapelles à pignon, de part et d'autre, font office de transept. La façade est assombrie par les nombreuses pierres de grison. La porte, autrefois abritée par un porche, est surmontée par un arc de décharge en plein cintre et une large fenêtre en ogive, visiblement plus tardive. Deux solides contreforts, dissymétriques, encadrent ces ouvertures. L'intérieur surprend par la hauteur de la nef, ses grands murs nus, la charpente apparente qui soutient le clocher. Les arcs des deux derniers piliers reposent sur des chapiteaux finement sculptés, du XIIème siècle. L'abbé Pierre Desmarets, prieur de Thimert, fit installer en 1748 un maître-autel qui a dissimulé le choeur, cette partie de l'église devenant la chapelle Saint-Paul, depuis longtemps désaffectée. Le clocher, plus important autrefois, s'élevait à l'aplomb de la façade. Mais détruit par la foudre en 1701, il fut reconstruit légèrement en retrait. L'église conserve des vitraux du XVIème siècle. A l'église était associé un prieuré, doté de bons bénéfices (15 000 livres par an). En 1788 l'abbé Morellet, écrivain et philosophe, très estimé de Voltaire, et qui avait longtemps bataillé pour les idées encyclopédistes, se réjouissait d'y passer une retraite tranquille et à l'abri du besoin. L'année suivante il était expulsé et le prieuré vendu comme bien national. Cette maison existe encore, à droite de l'église.
Thimert - Chapelle Saint-Thomas-de-Cantorbéry
Bien que englobée dans l'extension de Châteauneuf, la chapelle Saint-Thomas de Cantorbéry se situait à l'extérieur des anciens remparts, avant le pont et la porte Tabarin. Elle relève encore aujourd'hui de la paroisse de Thimert. Le 29 décembre 1170 Thomas Beckett était assassiné dans la cathédrale de Cantorbéry. Le moine d'origine normande Edouard Grim (ou Grin), blessé lors de l'attentat, revint en France en rapportant la cervelle de l'évêque martyr, canonisé dès 1172. En 1189 il fit bâtir à l'entrée de Châteauneuf une chapelle pour abriter la sainte relique. C'est ce qu'on peut lire sur une pierre gravée à l'intérieur de la chapelle. Sa situation à l'extérieur des murs l'exposait aux violences et aux dégradations consécutives aux troubles qui n'ont cessé de secouer la région, et elle a dû être plusieurs fois restaurée, en particulier en 1741. A la Révolution elle servit de grange. Elle appartient aujourd'hui à un particulier. Depuis la rue Saint-Thomas on peut apprécier ses grandes dimensions et les ouvertures en plein cintre qui ont bien résisté au temps.
Thimert - Chapelle Saint-Laurent
La chapelle fut édifiée au XIIème siècle, elle desservait une maladrerie. Les lépreux, nombreux pendant tout le Moyen Age, disparurent à la fin du XVème siècle. En 1696 un nouvel hôpital fut fondé à Châteauneuf et en 1701 on y transféra tous les ?malades et les biens de Saint-Laurent, devenu inutile. Une tradition de pèlerinage a longtemps persisté, le 10 août. La chapelle ouvrait vers l'ouest et son abside bordait la route, comme on peut encore le voir sur d'anciennes cartes postales. Endommagée par les bombardements de la dernière guerre, elle ne fut pas réparée. La toiture s'effondra en partie en 1952 et les murs furent abattus en 1969. Il n'en reste que la base du mur de façade, en silex et grison, sur lequel on a installé un petit clocher: exemple même d'une intervention soignée, mais qui arrive trop tard.
Tremblay-le-Vicomte - Eglise Saint-Martin
De loin, cette église semble n'être qu'un clocher. Véritable pièce-montée, il superpose une tour-porche en silex à laquelle les contreforts à décrochements donnent une silhouette pyramidale; puis un clocher de charpente recouvert d'ardoises, à deux étages de lucarnes; enfin un lanternon sommé d'une croix. L'ensemble date de 1854. Cette impression n'est pas démentie quand on s'approche, car l'église est cernée de propriétés privées, dont l'enceinte de l'ancien château détruit eu XVIème siècle. La nef disparaît derrière le clocher et les toits des maisons voisines. On ne peut l'apercevoir qu'en partant vers la gauche et en sortant du village. Trois parties bien distinctes composent l'église, remaniée à diverses époques: une nef étroite et longue, un choeur plus ample, très haut, et sur le côté sur une chapelle de la Vierge sans fenêtres, voûtée de panneaux de bois peints en bleu foncé ponctué d'étoiles, donnant l'illusion d'un tissu précieux. Malheureusement rien ne subsiste de l'ancien mobilier, l'église ayant été entièrement redécorée à la fin du XIXème siècle: murs couverts de peintures et autel néogothiques. Les vitraux sont modernes. Il existait aussi, au carrefour des routes de Moreaulieu et Chêne-Chenu, une chapelle Sainte-Lorette donnée à la commune en 1863 contre une concession au cimetière. Cette chapelle se dressait au milieu du carrefour et entravait la circulation. Sans utilité, dégradée par le temps, elle fut démolie en 1898.
Vérigny - Eglise Saint-Rémi
L'édifice est dissymétrique, élargi au nord par un bas-côté, et terminé en hémicycle. Le choeur est la partie la plus ancienne et remonte au XIIème siècle. Il a conservé sa balustrade et l'arc de choeur surmonté d'un Christ en bois peint. La nef est plus tardive, des fresques ornaient autrefois les murs, recouverts d'un badigeon de fausses pierres. Le bas-côté nord a été ajouté par les seigneurs de Vérigny au XVIème siècle. Il repose sur des piliers ronds et de la croisée d'ogives retombent des clés de pierre ornées de personnages naïfs. De grandes fenêtres en ogives l'éclairent, les vitraux sont modernes. Le banc d'oeuvre, du XVIIIème siècle, est particulièrement travaillé. A l'entrée de l'église, à gauche, on peut voir une colonne de pierre, portant des armoiries, surmontée d'un crucifix. La façade est précédée d'un joli petit auvent dont les bois dessinent des arcades en plein cintre. Une poutre porte la date 1765.
Villette - Ancienne église Saint-Germain
Ce hameau était autrefois une paroisse qui s'est appelée successivement Villette-les-Bois, Villette-la-Touche, Villette-le-Moustier. Dans ce moustier (église généralement entourée d'un cimetière) a été enseveli en 1639 Augustin d'Angennes, fils naturel de Jacques d'Angennes, chambellan de Monsieur (frère du roi) et seigneur de Marville. Le village a été rattaché à Chesne-Chenu en1855 et l'église n’a disparu qu'au début du XXème siècle, on l'aperçoit sur une carte postale ancienne. La vente aux enchères du mobilier et de l'église à démolir a eu lieu en 1913. Une partie du mobilier, dont un autel du XVIIème siècle, a été transporté à Chêne-Chenu. Nous pouvons nous en faire une idée plus précise grâce à un dessin de 1854, conservé aux Archives départementales. Aujourd'hui incluse dans la cour d'une ancienne ferme découpée en logements, il en reste des bases de murs avec leurs contreforts en grès, ainsi qu'un joli porche sur la rue, en alternance de briques et de pierres blanches, surmonté d’une niche couverte de lierre.